Poule 4

La saison stoppée dans son élan

Crédit photo : Frédéric BOCQUENET

Clap de fin. On le sait depuis plusieurs semaines maintenant, le championnat de N2 ne reprendra pas en raison de la crise sanitaire actuelle. La saison se clôture donc de manière précoce. Accession, relégation, frustration, c’est parti pour le bilan de fin de saison de la Poule 4 ! 

Un peu de contexte 

Alors que le monde entier fait face à la pandémie de COVID-19, le championnat de N2 n’y échappe pas et s’est vu mettre à l’arrêt depuis le début du mois de mars, à l’aube de la 15e journée. Alors que le flou a plané pendant plusieurs jours, la décision finale est tombée, amateurs et professionnels du handball voient leur saison se terminer prématurément.

La priorité c’est la santé. La décision, aussi radicale qu’elle soit, est la bonne, car à circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles. La fédération a préféré ne prendre aucun risque en adoptant une réorganisation des championnats plutôt qu’un report incertain dans le temps. Mais sportivement, cette saison laissera un goût d’inachevé, où les joies sont mesurées, les regrets nombreux, et les frustrations certaines. On fait le point !

Classement définitif de la Poule 4, arrêté à la 14e journée.

Le duel entre Metz et Sélestat

Commençons par le haut du tableau, au sommet duquel nous retrouvons deux équipes qui nous ont fait vibrer cette saison, tant par leurs performances que leur régularité. Si bien que Metz et Sélestat partagent la tête du classement depuis la première journée en septembre dernier. A cette époque, Metz aborde la saison avec un esprit revanchard suite à une saison 2018/2019 compliquée (9e place). Concernant la réserve de Sélestat, malgré une belle cinquième place la saison passée, Thierry DEMANGEON avait insisté sur la jeunesse de son effectif, manquant encore d’expérience, avec le maintien comme objectif prioritaire.

La suite, on la connaît : Metz se positionne comme l’équipe à battre, se déjouant de tous les autres favoris (St-Brice, Molsheim, Villers et Rueil) pendant que les jeunes sélestadiens impressionnent au fil des semaines. Les deux équipes restent invaincues pendant neuf journées et possèdent alors déjà une longueur d’avance sur leurs poursuivants. Finalement, Sélestat craque en premier sur le terrain de Rueil, mais se rattrape à la reprise de janvier en étant la première équipe à battre Metz, leur permettant de recoller en tête, et mieux, de prendre les devants grâce à la différence de buts particulière.

Avec une seule défaite au compteur à la mi-saison, Sélestat et Metz affirment leur domination sur la Poule 4. Et leurs défaites respectives face à Lure-Villers et St-Brice lors de la 13e journée ne changent pas la donne. Suite à l’arrêt du championnat et à sa réorganisation, les deux clubs se voient tous les deux offrir leur billet pour la N1 et c’est largement mérité au vu de leur saison.

L’entraîneur messin David MOTYKA peut être fier du travail accompli avec ses joueurs. Il est revenu sur cette fin de saison anticipée et sur la préparation du prochain défi qui attend le Metz HB : « Malgré les conditions particulières, nous sommes très heureux que notre travail soit récompensé par cette accession à l’étage supérieur. Le groupe a montré une certaine qualité de jeu et des valeurs pour retourner des situations improbables. Nous allons maintenant tout faire pour préparer au mieux cette saison en Nationale 1. Il faut s’attendre à de gros combats chaque week-end, avec des équipes réserves difficiles à manœuvrer et d’autres composées de joueurs expérimentés. La marche à franchir est importante mais nul doute qu’il faudra continuer à compter sur Metz pour déjouer les pronostics. »

A la joie des deux équipes se mêle un brin de frustration car on aurait aimé connaître le dénouement de ce duel à distance, pour la beauté du sport. Rendez-vous en N1 pour la suite de leurs aventures.

Sélestat, leader d’une courte tête.
Crédit photo : Frédéric BOCQUENET

La course au podium (Villers, Lure-Villers, Rueil)

A la poursuite du duo de tête, on retrouve trois équipes qui ont le point commun d’avoir commencé timidement la saison (une victoire en trois matchs), mais qui, grâce à une certaine régularité et des coups d’éclats dans les grands matchs, ont su se démarquer pour jouer les troubles fête, avec la troisième marche du podium en ligne de mire. Qu’on se le dise, si mathématiquement il était encore possible de rattraper Metz et Sélestat, il aurait fallu être intraitable sur la dernière partie de saison et espérer que ces derniers calent.

Après une belle saison en tant que promu l’an dernier, Villers s’était fixé le top 5 comme objectif pour cette saison. Et c’est chose faite pour Olivier GUEUSQUIN et sa troupe ! Grâce à une très belle fin d’année 2019 et des points importants pris en 2020, notamment un nul arraché contre Rueil dans les dernières secondes, Villers termine cette saison sur la troisième marche du podium avec un petit point d’avance sur ses poursuivants. Mais tout de même sept longueurs de retard sur le duo de tête. Les lorrains pourront se consoler avec une autre médaille de bronze, celle remportée au cours de l’élection du plus beau maillot de N2 organisée par notre site. Le club a une nouvelle fois pu compter sur ses fans pour revendiquer ses couleurs.

Repêchés à l’issue de la saison dernière, les lurons se sont très bien rattrapés cette saison en terminant à une belle 4e place. Lure-Villers a alterné entre la première et deuxième moitié de tableau dans un ventre mou très serré tout au long de la saison. Malgré leurs débuts poussifs, les joueurs de Frédéric CARISEY ont pu voir leurs efforts payer et leur combativité être récompensée grâce à trois victoires sur les trois dernières rencontres, dont une de prestige face à Sélestat. Malheureusement pour eux, les lurons se voient coupés dans leur élan mais peuvent préparer la saison prochaine avec un capital confiance renfloué.

Fraîchement débarqué en N2, le promu rueillois ne manquait pas d’ambitions en visant le top 5 avec un effectif expérimenté. Et il faut avouer que Rueil a été une équipe difficile à battre cette saison. Malgré deux défaites pour ses débuts à tâtons en N2, le club francilien s’est repris en remportant six victoires en neuf matchs et se positionnant au pied du podium à la mi-saison. On retiendra notamment la belle victoire face à Sélestat qui s’inclinait alors pour la première fois de la saison, et un duel électrique avec Metz pour une défaite de 4 buts. Les parisiens ne pourront finalement pas prendre leur revanche. Ni cette saison, ni la prochaine avec la montée des lorrains. Néanmoins, avec ce premier objectif rempli, les joueurs de Christophe GUISELIN rempilent pour une deuxième saison en N2 et pourraient déjà faire figure de favoris pour le podium.

Villers VS Rueil : duel pour le podium.
Crédit photo : tophdevillers

Le milieu de tableau (Cernay, Molsheim, St-Brice)

Au milieu de tableau, on retrouve des équipes assez irrégulières, capables du meilleur comme du pire. Molsheim est l’équipe qui s’est montrée au-dessus du lot, s’appropriant même la 3e marche du podium à la mi-saison. Le club poursuivait sa bonne dynamique de la saison passée où il avait terminé à une honorable 6e place. Mais les joueurs de Rachid BOUAZZA ont ensuite connus des revers contre Villers, Cernay, Rueil et Metz qui les ont fait plonger au classement. Leur bilan en 2020 : une victoire en 4 matchs, et cela contre la lanterne rouge. En manque d’inspiration offensive (3e plus mauvaise attaque, mais meilleure défense), ils auront le temps de la retrouver pour faire mieux la saison prochaine.

Cernay, de son côté, jonglait entre la course au podium en début de saison et la lutte pour le maintien à la trêve hivernale. Les haut-rhinois se sont parfois montrés nerveux sur le terrain, ce qui leur a coûté des points comme face à Lure-Villers en décembre. Heureusement, ils ont su redresser la barre en début d’année avec une nouvelle victoire face aux voisins molsheimois et en évitant le piège bisontin. Pour Cernay, qui avait été repêché à l’issue de la saison précédente, ce maintien vient à point nommé avec des jeunes joueurs qui ont pu acquérir de l’expérience au cours de cette saison partielle. Cela devrait leur permettre de mieux aborder la suivante.

Quant à St-Brice, le club peut presque se montrer soulagé que cette saison s’achève, tant il était loin de ses objectifs. Après avoir fini au pied du podium la saison passée, les bricos faisaient figure de favoris pour l’accession cette année. Mais ils ont vite déchanté en enchaînant des revers face à des équipes mieux classées. Ils ont néanmoins réussi l’exploit de battre l’ogre messin sur son terrain. Une saison à oublier pour St-Brice, ne comptant qu’une seule victoire devant son public, et qui devra préparer au mieux le prochain exercice pour éviter de commettre les mêmes erreurs.

Cernay, comme les autres équipes, a vu sa saison s’arrêter net.
Crédit photo : Eloïse DECKER

La lutte pour le maintien (Plobsheim, Nancy, Semur, Besançon)

On termine ce bilan avec les équipes qui été à la traîne tout au long de la saison, malgré quelques performances notables. A commencer par Plobsheim. Alors qu’on les voyait jouer la première partie de classement, les bas-rhinois nous ont fait mentir en ne réussissant pas à démontrer tout leur potentiel et en craquant dans les gros matchs. Comme le montre les défaites d’un but contre les trois premiers du classement.

Malgré un effectif de qualité, Plobsheim n’est jamais vraiment sorti de cette zone inconfortable, surfant longtemps à un ou deux points de la zone rouge. Les joueurs de Jean-Luc KIEFFER ont tout de même quelques faits d’armes à leur actif, avec des victoires sur les terrains de Lure-Villers et de St-Brice. Les oranges doivent vite passer à autre chose et se focaliser sur la prochaine saison.

Après avoir connu un début de saison galère, les jeunes promus de la réserve du Grand Nancy sont parvenus à engranger de l’expérience au fil des matchs et à la faire fructifier pour remonter au classement jusqu’à se sortir de la zone rouge à quelques journées de l’arrêt du championnat. En effet, les joueurs de Youcef BELKHAROUBI ont réalisé une très belle série de décembre à février avec 4 victoires en 6 matchs. Ils sont d’ailleurs passés tout près de l’exploit en s’inclinant d’un seul petit but face aux voisins messins. L’essentiel est donc acquis pour cette jeune équipe, qui avait sûrement les armes et la dynamique pour titiller le milieu de tableau.

La saison fut également laborieuse pour Semur qui se maintien in extremis. Les bourguignons, dont l’effectif a connu de nombreuses blessures tout au long de l’année, étaient en grande difficulté dans ce bas de tableau. Malgré une belle victoire contre Villers en janvier dernier, les joueurs de Fabien MARION ont rechuté par la suite contre Lure-Villers et Besançon, entraînant leur glissement dans la zone rouge au profit de Nancy. Pour Semur aussi, cette fin de saison anticipée permet de mettre un terme à cette série infernale et offre la possibilité de faire mieux lors du prochain exercice, tout en laissant aux blessés le temps de revenir en pleine forme.

Repêchée la saison passée après une saison cauchemardesque, la réserve de Besançon a une fois de plus vécu l’enfer cette année et termine à nouveau lanterne rouge. Mais cette fois, sans ticket de survie… L’équipe est donc reléguée en N3 pour la saison prochaine, un mal pour bien pour cette jeune équipe qui est en reconstruction et doit encore gagner en expérience. La mission sauvetage était de toute façon compliquée malgré une victoire capitale face à Semur lors de la 13e journée.

A l’image de Semur et Lure-Villers, les regards sont déjà tournés vers la saison prochaine.
Crédit photo : Rudolf SCHAEFFER

La saison 2019/2020 s’est ainsi terminée de manière anticipée, et la suivante débutera après l’été avec de nouvelles têtes bientôt connues. On conclura ces quelques lignes en souhaitant bonne chance à nos deux talentueux promus en N1, Sélestat et Metz, et à la réserve bisontine qui devra rebondir à l’étage inférieur. Mais aussi en donnant rendez-vous à tous les acteurs de la Poule 4 pour de nouveaux défis, de nouvelles sensations, du suspens, des rebondissements, des buts, du spectacle, bref, le handball qu’on aime. Et surtout, en attendant, prenez soin de vous.

Les questions qui resteront sans réponses :

  • Qui de Sélestat ou Metz aurait tenu jusqu’au bout en tête du classement ?
  • Est-ce que Metz aurait pris sa revanche sur Sélestat lors de l’ultime journée ?
  • Est-ce que Villers, Rueil ou Lure-Villers aurait eu les armes pour rattraper le duo de tête ?
  • Qui de Plobsheim, Semur ou Nancy aurait craqué en bas de tableau ?
  • Est-ce que Besançon aurait réussi l’impossible ?
  • Jusqu’où aurait pu remonter Nancy, en grande forme depuis décembre ?

Quelques chiffres pour conclure :

Avec 470 buts inscrits, Metz possède la meilleure attaque du championnat.

Avec 377 buts encaissés, Molsheim termine avec la meilleure défense de la Poule.

150 secondes. C’est le temps qu’il a fallu à Metz pour renverser Plobsheim en fin de match alors qu’ils étaient menés de 3 buts lors de la 9e journée. L’entraîneur messin David MOTYKA raconte : « Si je devais choisir un match, j’opterais sur la victoire inespérée à Plobsheim. Nous étions menés de 3 buts à 2 min 30 de la fin et nous avons réussi à inverser totalement ces dernières minutes de la rencontre, mentalement et sportivement. »

102. C’est le nombre de buts inscrits par le messin Xavier BLOND (14 matchs), qui termine en tête du classement des buteurs de la Poule 4. En deuxième position, on retrouve le bisontin Andy DUMITRACHE (100 buts, 14 matchs), devant le brico Kevin LEMAIRE (94 buts, 14 matchs) et le rueillos Medhi LACRITICK (94 buts, 10 matchs) qui complètent le podium.

44. Le plus grand nombre de buts inscrits en un seul match cette saison, par Metz et Rueil, tous les deux face à Besançon.

Un pion de plus pour Xavier BLOND, meilleur buteur de la Poule.
Crédit photo : Lucas DESLANGES
Classement des buteurs de la Poule 4.

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