Poule 5

Léo Lamps : A Cournon pour mieux remonter !

Crédit Photos : Coline Billot

Ce fut l’un des gros transferts de ce début de mercato. Cournon d’Auvergne, ambitieux de monter en Nationale 1 cette saison, réussissait à faire venir l’espoir nordiste Léo Lamps, alors à l’USDK. Changement de région, retour en Nationale 2 pour mieux repartir ? On balayera beaucoup de sujets avec le portier, notamment son premier match en Coupe face à un monstre du Handball mondial.

Propos recueillis le 3 Mai

N2 Handball FR : Comment se passe ton confinement Léo ?

Léo Lamps : Je suis chez mes parents, dans le Nord et le temps commence à devenir un peu long ! Je commence à tourner en rond…

N2 Handball FR : Pour un sportif de haut-niveau, on imagine qu’une coupure comme celle-ci est forcément compliquée.

Léo Lamps : Franchement, c’est affreux. Quand on passe de 15 heures d’entraînement par semaine à grand maximum deux heures par jour parce qu’on est tout seul et qu’on n’a pas forcément le plaisir de s’entrainer avec les copains, c’est vraiment super dur. Il faut savoir s’occuper, trouver du temps pour autre chose que le sport, mais une fois ces choses faites, on se dit direct : qu’est-ce que je dois faire maintenant ? C’est le souci du confinement.

N2 Handball FR : Avant d’aborder ton arrivée à Cournon, parle-nous de ton parcours. Tu as fait toutes tes classes dans le Nord c’est ça ?

Léo Lamps : Exactement. J’ai commencé le handball au club de Wahagnies, de u11 jusqu’en u15. J’étais joueur de champ jusqu’en première année de u15 (arrière et pivot). Je faisais du tennis à côté, et j’ai eu quelques problèmes aux chevilles. Je ne voulais pas arrêter le sport, le Hand, et le coach m’a mis aux buts. En moins de 15, le poste a commencé à me plaire. Je trouvais que c’était un poste à part.

Je suis rentré au pôle de Dunkerque, et j’ai rejoint l’US Dunkerque lors de ma deuxième année de pôle, j’ai fait les u18 France deux ans, jusqu’en première.
En Nationale 2, le gardien Julien Gardenat a dû se faire opérer des hanches, j’ai donc commencé à jouer en N2 à environ 16 ans. J’ai joué en N2 avec le pôle en parallèle, on a fait la montée en N1, et maintenant je suis en fin de contrat et j’ai signé à Cournon.

N2 Handball FR : Commencer aussi tôt en N2, ça impressionne ! Comment as-tu géré ça ?

Léo Lamps : Le pôle m’a énormément apporté en expérience, mais j’ai eu surtout la chance de côtoyer Julien Gardenat. C’est un mec qui m’a transmis tout ce qu’il savait pendant qu’il était sur le côté. C’est grâce à lui si aujourd’hui j’ai ce niveau. Il m’a fait grandir, et la première saison en N2 est sans doute la meilleure à ce niveau jusqu’à présent. Je n’avais pas la pression, j’étais tout jeune, personne ne m’attendait et au final on a réussi à se maintenir alors qu’on était en déroute.

N2 Handball FR : Comment s’est passée la montée en N1 avec Dunkerque collectivement et personnellement ?

Crédit Photos : Mélanie Lefebvre

Léo Lamps : La saison dernière, c’est avant tout celle d’une bande de potes fantastiques, avec des Alexis Gilmé, des Léo Péral… On était tous ensemble au Pôle et on se retrouve dans la même équipe, ça donne une cohésion de fous furieux et des résultats, puisqu’on a fait 3e de N2 avec la montée à la clé. Franchement très belle année et plus que sportivement, c’est surtout humainement que c’était incroyable. On n’a jamais autant rigolé avec cette bande de potes.

N2 Handball FR : Cette saison tu as fait tes 3 premières sorties avec l’équipe pro de l’USDK, un match de Lidl Starligue contre Nîmes et deux matchs de Coupe de France contre Sarrebourg et le Paris SG. Ton premier arrêt c’était contre un joueur pas très ouf non ? Qui c’était ?

Léo Lamps : [il rigole] C’était Mikkel Hansen ! C’était lui quoi, même là quand j’en reparle j’y crois encore pas.

N2 Handball FR : Ça n’était donc pas un arrêt comme un autre.

Léo Lamps : Ah non, le truc était incroyable. Déjà, j’étais rentré pour deux penalties avant, où il m’a mystifié, mais complet. Je jouais avec une épaule dans le sac, à cause d’une entorse cromio. Et il n’y avait pas d’autres gardiens (blessure de Grams, il ne restait que Bellahcene et Lamps). Je rentre pour le troisième penalty, et je me dis « Vas-y, il faut que tu fasses quelque chose quoi ! C’est ton moment. » Je me mets dans ma bulle. Il me fixe, et c’est limite si je ne tombe pas, je suis sur les talons complet, et là je pense qu’il faut balancer mon corps de l’autre côté, je me dis que s’il tire c’est bien, s’il ne tire pas c’est bien aussi [rires]. Et là, je l’arrête.

J’ai mis 30 secondes à réaliser. J’ai vu la balle rouler dans la zone. Ce n’est pas possible. Je retourne sur le banc, avec plein d’émotions, limite les larmes aux yeux. Tout le monde vient me voir et me dit : « Wow, t’as arrêté un tir d’Hansen c’est incroyable. » Samir Bellahcene (gardien de l’USDK depuis 2018 et ancien de Massy, NDLR) vient me voir sur le banc et me dit : « Tu sais que moi, en 3 ans de Starligue je n’ai pas arrêté un seul tir d’Hansen. Toi tu arrives et à ton premier match contre lui tu arrêtes un penalty ? Tu ne te fous pas un peu de ma gueule ? T’es un fou furieux… »
Même encore maintenant, j’ai encore du mal à réaliser.

N2 Handball FR : Cette saison tu t’es beaucoup entraîné avec les pros ?

Léo Lamps : Pas vraiment, cette saison à la trêve hivernale, la N1 a pu faire la prépa avec les pros. Et on a fait quelques matchs de prépa contre des équipes étrangères, j’ai pu faire mes premières minutes qui se sont bien passées. Je suis reparti avec le centre de formation et Oleg (Grams) s’est blessé. J’ai donc pu être avec eux non-stop pendant 3 semaines.

On rentre dans un autre univers. J’ai été super bien accueilli avec les joueurs, ça c’est super bien passé avec les autres gardiens, je faisais chambre avec Samir (Bellahcene) qui m’a donné pleins de conseils avec des vidéos, au top. Les coachs étaient satisfaits de mes performances à l’entraînement et je pense que c’est pourquoi ils m’ont fait jouer contre Paris sur les penaltys. Malheureusement, je me suis fait encore mal à l’épaule et je n’ai pas vraiment pu profiter après. C’est un moment que je n’oublierais pas.

N2 Handball FR : Tu signes donc à Cournon, 3e de la poule 5. Pourquoi ce choix et comment ça s’est fait ?

Léo Lamps : Je postulais sur Handball Transfert et j’échangeais avec mon agent Gatien Dumas. Je me disais que pour trouver des clubs en ce moment, c’est un peu chaud. En D2, il y a peu de clubs qui perdent un gardien et qui recherchent un jeune. En N1 Elite, ça recherchait plus des gardiens expérimentés pour faire doublure. J’en ai longuement réfléchi, et je me suis dit que je n’allais pas trouver de point de chute.

Un soir, je reçois un appel d’un numéro inconnu. Je réponds et c’était Cyrille (Faucher), président de Cournon Handball. Il m’a dit « Je sais que ça n’est pas dans tes recherches, mais on te présente notre projet, on n’a rien à perdre. » Il m’a exposé les objectifs de montée, les gros recrutements, qu’il souhait être en N1 Élite d’ici deux saisons. Je leur dis pourquoi pas, mais je ne pouvais pas venir comme ça, sans appartement. Il me dit qu’il me rappelle. J’en parle à mon entourage, mon agent me dit qu’au vu des recrutements, c’est beau.

Cyrille me propose le lendemain un appartement et d’autres aides, en sachant que c’est le minimum de ce qu’ils peuvent me proposer. J’imagine donc qu’il y a moyen d’avoir de belles choses si l’on monte, et il me le confirme. Étude payée, possibilité d’un contrat pro… Dès lors je fais mon choix, je me dis qu’il vaut mieux descendre d’un étage pour mieux remonter. Des clubs de N1 m’ont contacté, mais pour un rôle de doublure, donc la confiance a parlé. Cyrille m’a conquis, les papiers se sont faits rapidement, il m’a proposé un contrat clair. Cournon me voulait direct, j’ai dit oui.

N2 Handball FR : Tu as signé pour combien de temps ?

Léo Lamps : Deux ans, et j’ai une clause libératoire en cas d’échec pour ce qui est de cet objectif de montée.

N2 Handball FR : Tu connais la région ?

Léo Lamps : Oui ! Depuis que j’ai un an, je vais là-bas en vacance. Le lieu me plait, mes parents y vont depuis plus de 50 ans, moi 20 ans. C’est donc un plaisir.

N2 Handball FR : Une fois ton arrivée actée, tu as reçu des messages ?

Léo Lamps : J’ai eu beaucoup de messages de supporters, de mon entourage à Dunkerque. Les joueurs Samir Bellahcene, Kader Rahim, Kornél Nagy, c’était très sympa. Des joueurs de Cournon sont tout de suite venus me voir sur Instagram, m’ont dit bonjour, m’ont souhaité la bienvenue au club. Ça m’a conforté dans mon choix. Je n’ai pas eu le temps d’avoir peur d’arriver tout seul, d’avoir des difficultés d’intégration. J’ai hâte de les voir, et impatient de vivre cette nouvelle aventure.

N2 Handball FR : Tu peux décrire ton style de jeu et ta personnalité pour les fans de Cournon qui te découvriraient ?

Léo Lamps : Je suis un gardien qui aime beaucoup la lecture de jeu. J’analyse et je suis plus dans la réaction. J’ai dû faire un travail de patience cette année, car j’anticipais un peu trop à cause de cet amour de la lecture. Ça a amélioré mon niveau à bout portant. Lecture, réactivité, souplesse en 3 mots.
Pour la personnalité dehors du terrain, je suis déconneur à fond, il y a pas à dire et sur le terrain, travailleur.

N2 Handball FR : Tu connais du monde en N2 ?

Léo Lamps : Surtout en dans la Poule 3 ! Ceux qui n’ont pas continué le centre de formation et qui se sont retrouvés à Villeneuve, Ronchin ou BillyMontigny. Alexis Gilmé, Léo Péral, Clément Richard, de très bons potes. En vrai, la Poule 3, c’est une bande de potes dispatchée dans plusieurs équipes. Je leur souhaite de continuer à bosser, et ce serait un plaisir de jouer contre eux à l’avenir. Ce sont des putains de gars.

N2 Handball FR : Tu aurais des remerciements pour certains qui t’ont accompagné dans ce cursus de formation ?

Léo Lamps : Un remerciement appuyé au club de Wahagnies. Ils m’ont lancé, un grand merci. Le pôle de Dunkerque, le club de l’USDK et tous leurs éducateurs. Si j’en suis là, c’est grâce à eux, c’est sûr.

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